Les instruments d'époque
On a du mal à imaginer, en écoutant les accordéons modernes, ce qu’a pu être la voix des accordéons “des origines” ; elle est pourtant indissociable du répertoire du bal musette des années 30 et 40, car c’est pour ces instruments-là, au troublant vibrato, qu’il a été composé. Et de même que l’opéra est impensable sans la voix si particulière des chanteurs et chanteuses lyriques, le répertoire du bal musette est indissociable des accordéons qui l'ont chanté, ont fait sa gloire et lui ont donné sa splendeur. 
Mais dans cette période d’extraordinaire foisonnement artistique, d’autres influences musicales rivalisent bientôt avec l’art musette : le swing, le jazz, les musiques manouches et exotiques séduisent les accordéonistes et le public, et au tournant de la Libération, on supprime le puissant vibrato des accordéons pour privilégier les accordages plus “plats” qui conviennent mieux à ces nouvelles musiques. 
Et de même que plus personne ne parle comme Arletty, les accordéons perdent leurs accents gouailleurs et la musique qu’ils avaient inspirée se tait. La ressusciter ne pouvait se faire que sur les antiques instruments qui lui avaient donné vie. et qui eux aussi s'étaient tus depuis des décennies. 
C'est la rencontre avec un facteur d’accordéons passionné (Jean-Luc Cadel, Fleury-sur-Orne) qui nous a permis de restaurer une dizaine d’instruments des années 30 et 40, qui donnent à nos concerts leur intensité lyrique et rendent à l'Art Musette son vibrato originel et son âme.